« Nous avons le choix dans la vie entre être heureux ou avoir raison ». Marshall Rosenberg évoquait souvent ce dilemme, opposant le langage de la communication non-violente à celui du conflit. Habité.e par la peur de perdre le contrôle, d’être vulnérable, de céder un millimètre, notre obsession du dernier mot comme nos certitudes peuvent nous emmener loin, dans des contrées stressantes et peu gratifiantes.
Et si nous profitions du printemps pour essayer autre chose ? Pour lâcher prise, assouplir nos relations, faire des pas vers l’acceptation et le contentement. Nous ferions probablement de nouvelles découvertes, en apprenant des autres et finalement, ne serions-nous pas plus heureux ?
Raymond Devos avait joué avec le thème, à sa façon. Avec génie, dans son texte « À tort ou à raison« , il illustre les désordres qu’entraine notre volonté farouche d’avoir raison et de vouloir coûte que coûte, donner tort…
Pourquoi vous voulez toujours avoir raison ?Vous voulez toujours avoir raison, c’est ça !Toujours avoir raison !C’est difficile de savoir qui a raison et qui a tort.Moi, j’ai longtemps donné raison à tout le monde, jusqu’au jour où je me suis aperçu que la plupart des gens à qui je donnais raison avaient tort ! Donc, j’avais raison !Par conséquent, j’avais tort ! Tort de donner raison à des gens qui avaient le tort de croire qu’ils avaient raison.C’est-à-dire que moi qui n’avais pas tort,je n’avais aucune raison de ne pas donner tort à des gens qui prétendaient avoir raison,alors qu’ils avaient tort !J’ai raison, non ?Puisqu’ils avaient tort ! Et sans raison encore ! Oui, parce que moi aussi, il arrive que j’aie tort.Mais quand j’ai tort, j’ai mes raisons, que je ne donne pas.Ce serait reconnaître mes torts !!! J’ai raison, non ?Il m’arrive aussi de donner raison à des gens qui ont raison. Et encore, c’est un tort.C’est comme si je donnais tort à des gens qui ont tort. Il n’y a pas de raison !Je crois qu’en général, on a toujours tort d’essayer d’avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu’ils n’ont pas tort !
Raymond Devos, 1973